Un soir de mortobre, à la brunante, un homme, la cape s’emportant sous les rafales de vent et la pluie battante, hâtait le pas vers chaque résidence de Gyldenburg. Courbé, le dos ceint d’une bosse à l’épaule, l’homme mit de sa main noueuse une missive à l’abri de la pluie sous le battant de la porte de la cabane de bois ronds. Une fois sa besogne accomplie, il serra le col de sa cape détrempée et repartit vers la prochaine habitation, le pas claudiquant.
Le lendemain, tous les héros de Gyldenburg eurent droit à la même missive, écrite à l’encre bourgogne sur un papier parchemin détrempé, mais qui n’avait heureusement pas encore fait baver l’encre.
La missive disait :”Très chers voisins,
Il me tarde de vous convier en ma demeure. Je n’ai pas encore eu le plaisir de faire votre connaissance, mais cela ne saurait tarder. On m’a dit que vous êtes les héros de ce village, voire de Solterra tout entier. J’aimerais vous accueillir dans mon manoir afin de vous recevoir comme il se doit. Un repas serait fort apprécié, qu’en pensez-vous ? Suivez le chemin menant vers Sylvania. Tournez juste avant les buissons d’aubépines, puis traversez la forêt d’arbres tordus, et vous trouverez ma demeure au sommet de la colline. J’aspire à faire votre connaissance.
Je vous prie d’agréer, chers voisins, l’expression de mes salutations distinguées.